‘Cees’, 2010, 7’
“ « Cees » est un docu-fiction de courte durée tourné l’an dernier, pendant les quelques mois que j’ai passés avec mon grand-père. Cela faisait deux ans qu’il se sentait de plus en plus isolé, confronté à l’inexorable détérioration de son corps et à la solitude, avide de retrouver des relations intimes. De mon côté, je ressentais le besoin de passer du temps avec lui, de le regarder de près, sans la moindre distance.
J’ai pu regarder la poussière qui s’est déposée sur les plantes en plastique de sa maison ; j’ai aussi vu son lit deux places préparé pour accueillir une seule personne, sur la moitié du matelas. Il m’a demandé de lire avec lui « Un homme »», de Phillip Roth, et nous avons parlé des sentiments auxquels il se sent confronté le plus souvent, lui qui a tout loisir de laisser son esprit vagabonder. Et il m’a répété que ce qui lui manquait le plus, c’était les relations intimes.
J’ai passé de longues heures à filmer son corps pendant son repos. D’une certaine façon, ce sont les petites contractions des muscles situés sous la peau quasi transparente de la plante de ses pieds qui m’ont touchée le plus. J’y ai vu à la fois le signe d’une envie de vivre immensément puissante, intarissable et obstinée, et l’inexorabilité du temps qui passe. Les contractions étaient vraiment imperceptibles ; on ne les voyait que si l’on y regardait de près et que l’on consacrait l’attention et le temps nécessaires. Ainsi, j’ai pu voir les manifestations de vie les plus crues et les plus tendres.
J’ai l’impression que notre époque nous a habitués à regarder notre environnement avec une certaine distance mâtinée d’insensibilité et d’indifférence. C’est comme si nous avions déjà tout vu et tout compris. Je ne peux m’empêcher de penser que cette façon de voir la vie suscite un sentiment de détachement vis-à-vis de notre environnement et vis-à-vis d’autrui. « Cees » évoque le désir de retrouver la curiosité, l’intimité, la proximité et l’humanité perdues. ”
(VG)
Année
2010
Durée
7’
Support
HD, couleur
Genre
Docu-fiction, expérimental
Production
Le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains
Synopsis
Portrait d’un homme mourant.
Générique
Écrit et réalisé par: Viola Groenhart |
Homme: Cees Oosthuizen |
Chef opérateur: Erwan van Buuren; Viola Groenhart |
AC: Nicolas François |
Machiniste: Floriane Medal |
Matériel: Le Fresnoy; Golden-Eye |
Montage image: Viola Groenhart |
Post-production: Karim Touzene |
Montage son: Viola Groenhart; Damien Tronchot |
Mixage: Damien Tronchot |
Auditorium: Le Fresnoy |
Nominations & prix
Nomination Prix Fresnes
Nmination Prix Université Paris XII